Noir de femme...

Publié le 11 Novembre 2016

Noir de femme...

Ma première nouvelle écrite en imaginant une fille que j'ai connu pendant mes années étudiantes…

 

Une pièce. Une chambre. Non, sa chambre. Assise sur son lit, à moitié couchée ou même couchée, son attitude est toujours la même. La tête en l'air, la tête dans les nuages. Une image, un besoin d'évasion, un rien d'exotisme pour un moment intense. Elle regarde les murs peints où sont affichées une, voire deux affiches. Peut-être plus, qui sait ? Je ne sais plus. Je ne cherche pas à savoir. Je suis concentré sur son regard. Elle est heureuse ou malheureuse. Personne ne peut savoir ce qu'il se passe dans cette petite tête. On aura beau imaginer telle ou telle situation, on se perd dans un long dédale. Et puis le brouillard complet. La position qu'elle adopte à cet instant la rend belle. Si j'avais mon appareil photographique, j'aurais peut-être réalisé un chef d'œuvre d'elle, du moins une photo que j'aurais sûrement aimée....

Il y a des femmes qui inspirent la poésie, d'autres la musique, elle, elle inspire l'évasion, le rêve. J'ai envie de la toucher, de la caresser mais j'ai peur qu'elle s'échappe. J'ai peur qu'elle s'envole pour revenir à nous. J'aime regarder cette fille. A qui elle peut bien penser ? A celui qui lui fait mal, à la recherche du temps perdu, à cette vie à la con qu'elle mène. J'aurais pu évoquer mille et mille raisons même si elle ne pense pas à cela maintenant. Je suis sûr que ses pensées sont aussi nombreuses que j'aurais pu trouver des raisons. Pensées, raisons? Je ne comprends pas comment je peux parler devant elle. Elle inspire le silence en l'appliquant d'une admirable façon ; bien sur, elle est seule, mais même avec quelqu'un ou plusieurs personnes, ses silences me font le même effet. Et pourtant je continue à parler au conditionnel. On parle souvent de la beauté muette désirable à plus d'un point.

Tout à coup, j'entends le froissement de son jean sur le lit. Un bruit léger dans le lointain, un souffle apaisant. Cela ne détruit pas la paysage. Je la suis des yeux. Elle me regarde avec autant d'intensité que moi. Elle n'a pu me reconnaître car elle ne me voit pas. Son rêve pourrait devenir réalité. A force de sortir de son monde pourri, a-t-elle réussi à me joindre ? Je reste dans le doute. Son regard en dit beaucoup. Elle me fait penser à une féline mais l'avantage est qu'elle montre encore plus de qualité que ces animaux. Elle m'hypnotise, elle me force à aller vers elle et je me sens prisonnier de ses yeux. Un frisson de plaisir, elle m'attire à elle. Elle tourne autour de moi comme pour m'inspecter, comme pour me critiquer. Je ne sais plus quoi faire. Elle m'a pris au piège. Heureusement, elle s'éloigne. Une coïncidence, une transmission de pensée...

Elle prend un livre sur la bibliothèque, le feuillette rapidement : c'est un beau roman inconnu. Elle le replace et en prend un autre. Je ne le connais pas plus. Elle recommence avec plus de dédain. C'est une corvée. En tout cas, elle donne cette impression. Le désintérêt se fait sentir chez sa personne. Elle pousse un soupir. Elle ne sait pas quoi faire. Elle s'installe à son bureau et par ennui, elle se prend la tête entre les bras. Elle est tracassée. A propos de quoi, à propos de qui ? Des larmes coulent sur sa joue. J'ai mal pour elle. J'aimerais l'entourer avec mes bras, la serrer fort contre moi et je ne peux pas. Elle sèche cette eau sale qui coule avec sa manche de pull-over et par énervement, elle claque la porte et s'en va...

En plus de ses ennuis, elle doit subir l'emprise familiale et ses explications. Comme si toute question pouvait entraîner une réponse ! Elle part, pour voir qui, pour voir quoi ? Elle part à la dérive en prenant le large. Comme si elle pouvait savoir où elle va, surtout lorsqu'on a envie d'être seul et entouré de ses amis, et d'être avec ses amis et pourtant rester seul. Mon personnage est plein de contradictions aussi je comprends ce qu'elle ressent, ce qu'elle désire. La rue est longue, la route est peut-être courte...

Même quand elle marche dans la rue, j'ai envie de garder un souvenir de sa façon de marcher. Son manteau noir parce qu'elle aime le noir, ses cheveux noirs, son avenir noir et sa peau blanche. Noir et blanc, c'est comme passé le mur du son. Le noir, c'est l'aveuglement, le brouillard, la proximité de la fin, la couleur du café, la couleur du passé ... Les cheveux balayés, elle avance vers demain, sans chemin, sans destin ... Elle bouge la tête, regarde les yeux de l'autre devant elle et passe comme si rien ne se présentait à elle.

Un café, l'odeur du chaud, l'odeur du pain frais. Le bruit cacophonique, les rires, les cris bizarres et elle qui ne se reconnaît pas là. Elle s'installe à une table, regarde autour d'elle. Certains sont comme elle, d'autres sont comme cela. Du papier sort de sa poche, elle réfléchit à ce qu'elle a vu. Ecrire pour ne pas oublier, pour montrer qu'on peut encore rire et sourire. Alors que l'orage gronde son mécontentement dans le ciel, elle n'a que le papier pour pousser son cri d'amertume. Les cris des nuages n'ont rien à envier à la beauté des lettres facilement enchaînées. Ces mots se construisent et même s'ils s'effacent comme les gouttes d'eau sur le trottoir d'en face, je sais que beaucoup aiment ses mots qu'elle balance en pleine figure. Malheureusement, les mots coulent aussi vite sur le papier que les larmes sur ses joues. Son cri d'amour est très fort, il est beau, il me rend fou....

Un regard vers je ne sais quoi, un instant où elle est à nouveau très belle. On a l'impression qu'elle parle aux chaises. Certains curieux la regardent comme une criminelle et certainement la prennent pour une folle. J'aime les gens fous parce qu'il y a toujours de la folie dans l'amour. J'aime l'amour, celui où l'on s'aperçoit que l'on a vieillit sans avoir été adulte. Elle pense à celui qu'elle aime, à celui qu'elle aimerait aimer ou encore à celui qu'elle a aimé. Présent, passé, conditionnel ou futur. Ce ne sont que des temps de la conjugaison française. L'amour n'a pas de temps. On le vit avec passion et avec le rêve surtout dans la solitude.

Elle rencontre quelqu'un ; un copain, un ami, un étranger, peut-être un lien de parenté avec celui qui parle. Un moment de discussion, un moment pour cacher sa peine, un instant d'hypocrisie pour en pas répondre aux questions. Mais après, c'est comme avant...

 

Globox 14

Rédigé par Globox... tit homme a l'écriture de jade.

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