"Des cris turent..."
Publié le 16 Mars 2013
Ville de province, extérieur nuit. Noir désir d’une nuit chaude comme les autres. Le vent s'incruste sauvagement de part et d'autre de cette fenêtre grande ouverte sur un monde tout aussi inconnu de l'intérieur que de l'extérieur. J'ai un immense besoin de m'approcher de cette pièce pas plus grande qu'une chambre noire pleine d'images marquées de souvenirs, pleine de photos parlant du passé, pleine d'oubli d'envie de vivre autre chose, pleine de femmes muettes accrochées à ces murs trop blancs de poussière qui s'envole malencontreusement avec les traces du passé. Des bruits sortent de nulle part à moins que cela ne vienne d'ailleurs. Un ailleurs imaginé par une descente vers un lieu dont on ne rêve plus de peur de ne plus pouvoir se réveiller. Des mouettes qui n'arrêtent pas de passer, un chien qui aboie et le métro qui n'en finit plus de jouer cette musique monocorde qui frappe mes tympans. Cette cacophonie entre dans cette pièce remplie de vide, vide d'envie, un peu comme s'il n'y avait personne. Mais, malheureusement, on trouve une trace de vie silencieuse comme l'approche de la mort, monstrueuse comme l'aspect bizarre du pressentiment qui nous guette. Je m'échappe de ce brouhaha nocturne pour entrer dans un monde de silence ou seul le bruit de la plume du stylo sur une feuille blanche d'amertume s'entend ou s'inscrivent une multitude de mots. Des mots à lui, des mots d'amour, des maux qui vous prennent la tête. Il écrit.
Ecrire pour continuer à vivre. Ecrire pour ne pas tomber. Ecrire pour encore croire à quelque chose qu'il cherche et qu'il ne trouve pas. Ecrire pour sortir d'un lugubre passage dans une vie tumultueuse. Ecrire pour compenser une absence, un besoin qui n'apparaît pas ou trop peu. Un besoin qui lui donne de l'espoir et qui le hante parce qu'il ne sait le retenir. Il lui manque toujours l'ivresse de la découverte de l'autre qu'on ne connaît pas, qui n'existe peut-être pas. Vouloir juste rencontrer une personne pour parler de tout et de rien, pour seulement écouter, pour seulement comprendre ou plutôt continuer de comprendre ou d'apprendre et surtout ne pas se retrouver seul devant du papier qui n'inspire jamais rien d'autre que du regret, de l'espoir, de l'incompréhension et même du dégoût.
Ne pas arriver à écrire un sentiment de bonheur qui existe pourtant souvent, ses moments de joie ses mots qu'on aimerait offrir à ce qu'on aime. Ecrire...
Et ces mouettes qui continuent à crier et que l'on n'écoute pas non plus. Ecrire des cris sans réponses. Ecrire pour ne pas montrer sa maladresse d'aborder cette personne qu'on avait envie d'entendre et qu'on laisse seule dans son désespoir, devant un verre plein de vide, ce vide qui arrive à nous hanter avec les jours qui s'avancent. Ecrire pour compenser ces manques. Simplement besoin de parler à cette femme avec son enfant qui m'avait l'air de souffrir, d'être trop seul dans son histoire, de parler de cette jeune fille perdue par un incompréhensible destin qui parlait de son échec, de parler avec cette fille qui passait son temps à écouter les autres et qui n'avait pas spécialement envie d'en parler. Parler et c'est déjà beaucoup...
Ecrire et j'ai l'impression de vivre quelque chose que je connais.
Globox 14